Après le départ de Noeline en retraite chez les nonnes, Joachym éprouva un grand besoin de calme, de recueillement.
Quel meilleur endroit que le cloître de la Sauverie. Là, au milieu des premières fleurs odorantes, des jonquilles, des narcisses, du lilas, il pourrait méditer, penser, réfléchir et prier.
Il franchit la porte, qui bien huilée ne grinçait pas, et arriva dans la galerie du cloître sans avoir rencontré âme qui vive. Il aurait pourtant aimé rencontrer son ami Fabien.
Pouvoir lui dire que l’incroyable lui était arrivé, à lui Joachym.
Combien il était heureux et combien il était malheureux aussi car il n’ignorait point les sentiments de Fabien.
Lui dire que personne, personne, n’est coupable de quoi que ce soit.
Lui dire que malgré tout les mots, il savait que aucun n’effacerait la souffrance de son ami.
Lui dire que Noeline et Joachym sont et resteront ses amis.
Lui dire quoi de plus en fait.
Bien sûr, il pourrait aller lui parler en taverne mais un ami méritait mieux qu’une discussion dans la promiscuité.
D’ailleurs discuter de quoi, de qui ?
Du coup de foudre qui tombe sans crier gare…
D’elle qui ne sait comment lui éviter la douleur d’une déconvenue.
De lui, déchiré entre une passion naissante et une amitié qu’il voulait indéfectible.
Tout à ses pensées, Joachym déambulait le long de la galerie. Au bout du troisième tours il s’assit, las, dans l’herbe fraîche, adossé contre un banc en pierre.